Ses gros bras croisés sous son torse tout aussi imposant, Elioz écoutait avec attention le récit de sa nouvelle « cliente ». Et quand bien même il refuserait de prendre en charge cette affaire -si cela en était une- il ne pouvait la laisser là, dans tous ses états. Les yeux noirs et les sourcils foncés, le barbue ne cessait de s'imaginer la scène. Et comme tout bon avocat, il avait déjà construis une défense dans son esprit.
Avec le temps, mettre en scène un procès dans son esprit était devenue un réflexe, une obligation. Et comme il avait du mal à accorder sa confiance, son métier remplis de criminels et de sociopathes ne rendait pas la chose plus simple. Avec le temps, il lui arrivait de voir le mal partout, de s'imaginer le pire des scénarios digne de Tarentino, et de lire les secrets sur les visages des gens. Car si Elioz savait bien une chose, c'était que tout le monde possède ses secrets. L'enfant de deux ans, la mère modèle comme le criminel le plus recherché. Elioz Gitelson avait des secrets.
Suite aux paroles de la jolie blonde dont il ignorait encore le nom, Elioz essaya de faire taire une petite grimace. D'ailleurs il n'eut pas de mal à la dissimulé derrière un visage soudainement fermé et peu souriant. Le brun baraqué était une bête de scène, gagnant à chacun de ses procès. Voilà sans doute pourquoi Wardstone le payait si cher. Néanmoins, malgré toute sa fortune, la compassion d'Elioz vit à vit des personnes au revenus moyens, prêt à tout pour un peu d'argent était relativement maigre. Après tout, il n'était pas né dans la famille la plus riche du pays, il n'avait pas eu l'enfance la plus merveilleuse du monde et avait du remuer ciel et terre pour un jour pouvoir avoir un tel niveau de vie. Cela dit, il ne jugeait pas ta façon à toi de gagner ta vie. Chacun faisait de son mieux, non ?
-Écoutez. Je sais que vous avez peur, mais cet homme ne peut pas vous atteindre. Il vous fait du chantage car vous ne voulez pas que cela s'ébruite, retournez l'attaque. Les activités de cet homme sont illégales, la prostitution est illégale. Or, votre travail ne l'est point, je l'espère du moins. Et quand bien même, il reviendrait à la charge, je vous ordonne de m'appeler et je vous promets qu'après m'avoir rencontré, il ne reviendra plus jamais vous chercher. Je vous en fait la promesse.
Doucement, un maigre sourire en coin apparut alors sur son visage dissimulé par cette épaisse barbe qui lui donnait un air sérieux, même assez sombre. Une image qu'il aimait donner et qui lui allait à merveille. Car si Elioz était réputé pour gagner à chaque fois, il n'était pas connu pour sa plus grande gentillesse non plus. Froid, distant, rare étaient ceux l'ayant vu rire aux éclats. Mais en vue de la situation, Elioz faisait tout son possible pour paraître plus agréable.
-Que diriez-vous de quitter cet endroit en premier et d'aller boire quelques de chaud, pour vous remonter le moral ? Et puis, par la même occasion, peut-être que vous pourrez me dire votre nom ?